Y croire pour le voir

En spiritualité il est coutume de dire « il faut y croire pour le voir », par opposition au monde matériel dont le mantra pourrait être « il faut le voir pour le croire ». Ces deux expressions sont opposées, et à mon sens ni l'une ni l'autre ne représente la voie du milieu.

« Y croire pour le voir » est plus que parlant ! Car cela signifie que nous devons croire en quelque chose pour que la-dite chose se manifeste, ce qui revient à dire que nos croyances finissent tôt ou tard par prendre vie. L'on pourrait donc affirmer à juste titre que rien n'existe réellement à part ce que nous alimentons de par nos propres pensées.

En toute logique, si je crois avoir un ange-gardien ma foi créera une forme d'énergie en ce sens. Si j'affirme devoir vivre la souffrance pour apprendre à guérir je la vivrai en alimentant ce principe de par mon pouvoir créateur... En effet, tout part de notre esprit. Nous créons ce à quoi nous croyons et nous expérimentons ces-dîtes croyances par la suite. Nous possédons tous ce pouvoir créateur, tous, seulement, nous le cédons bien souvent à autrui sans même nous en apercevoir.

Combien de fois ai-je entendu cette réponse lorsqu'une personne n'arrivait pas à "voir", "entendre", "sentir" : « C'est normal tu dois d'abord y croire ! ». Traduction : tu dois d'abord donner crédit à ce que l'on t'a dit, pour en faire ta propre croyance, afin que celle-ci puisse se manifester. 

C'est ainsi que nous utilisons, inconsciemment ou non, le pouvoir créateur d'autrui pour alimenter nos propres croyances. Je vois souvent ce phénomène dans les groupes spirituels, où "le maître des lieux" invite doucement ses "disciples" à nourrir ses propres croyances pour en faire des réalités. Car tout ce à quoi nous donnons foi nous donnons vie. 

Ainsi, toutes ces croyances orientées vers un point précis peuvent entrer en résonance et créer de grands égrégores, terrains fertiles à leur manifestation, d'où le principe "y croire pour le voir". Seulement, ces croyances peuvent parfois devenir emprisonnantes et limitantes si on ne les remet jamais en question, lorsque l'on accepte tout ce que l'on entend sans sourciller. 

C'est pourquoi il faut se rapprocher de ce qui vibre en notre cœur, le cœur étant notre meilleur guide.

De plus, et c'est là un point essentiel, nous n'avons pas tout à fait conscience que la plupart des croyances que nous entretenons ont pour but de nous rassurer, nous faire du bien. L'on va me dire qu'il n'y a pas de mal à se faire du bien, et c'est vrai, seulement, ce besoin d'être rassuré indique un sentiment de peur qu'il est bon de mettre en lumière pour s'en libérer. Alors, une croyance qui semblait juste hier deviendra peut-être une prison demain, lorsque nous n'en auront plus besoin.

Les exemples ci-dessous sont parlants :

J'aime croire avoir un ange-gardien (car j'ai peur de prendre mon chemin seul).

J'aime croire que ma prière me protège (parce que j'ai peur que l'on me fasse du mal).

J'aime croire ce que je lis sur les pages spirituelles (car je trouve ma vie vide de sens).

J'aime croire que la vraie vie est sur un autre plan (car je trouve la vie ici-bas cruelle).

J'aime croire être un enfant indigo (car cela donne un sens à mon expérience terrestre).

Toutes nos croyances semblent bien souvent être un condensé d'espoir nous permettant d'accepter notre vie telle qu'elle se présente, et si l'on retire toutes les croyances il ne reste rien à part nous-même, et cela peut effrayer. Mais prenons garde à ne pas faire de nos croyances une fuite. Gardons ce qui sonne juste et libérons-nous du reste. 

Aujourd'hui et de mon ressenti, tout vient de nous-même, rien n'existe à part nos propres créations. Nous partons de zéro, du vide, pour créer des croyances qui viennent combler ce vide. 

Et pour avancer sereinement, il peut être bon de trouver le juste milieu entre "croire pour voir", et "voir pour croire". Car croire en tout ce que l'on nous dit sans jamais pouvoir vérifier quoi que ce soit n'est pas très sensé, et attendre de voir pour croire rendra notre attente éternelle.

Gardons simplement ce qui vibre en notre cœur, ce qui nous élève et nous libère.

 

Emilie Dedieu