Nos parents

La plupart de nos blessures proviennent de notre petite enfance, et du rapport que nous avions à nos parents, ce sont parfois des briques merveilleuses, mais aussi des failles sur lesquelles nous nous sommes construits et qui créent notre réalité d'aujourd'hui. Il est bon de trouver la clé et de sortir à jamais de cette construction.

Pour cela, la première chose à faire est d'arrêter d'idéaliser nos parents, et ce n'est pas chose aisée. Car, ne plus les idéaliser c'est les mettre à notre niveau, les voir comme des êtres qui ont fait des erreurs, qui ne sont pas parfaits, qui nous ont fait mal parfois, qui ont été maladroits. C'est une réalité qu'on ne peut ignorer mais qui est douloureuse à regarder, alors, parfois, nous préférons détourner la tête pour ne pas remettre en question ce qui nous a été enseigné.

Attention, je ne dis pas que nos parents ne nous aiment pas, qu'ils nous ont blessés intentionnellement, je dis simplement qu'ils ont fait de leur mieux avec leurs propres blessures, et que celles ci ont parfois été projetées sur nous même. Après tout, on répète souvent ce que l'on connaît, et il est bien plus facile de répéter que créer, en particulier avec nos enfants. C'est pour cela qu'il arrive qu'un enfant battu devienne à son tour un adulte violent, cela ne veut pas dire que le coeur de cette personne est mauvais, c'est simplement qu'elle n'a rien vu d'autre, car, durant son enfance, violence et amour se sont entre mêlés jusqu'à créer une vérité pour elle. Si on comble un cœur avec des cailloux, il est très fréquent que ce même cœur projette à son tour des cailloux (cœur de pierre).

Il est donc efficace d'observer nos blessures, de les accepter, car nous nous sommes construits à partir de celles ci, nos bases sont par conséquent un peu bancales. Nous possédons tous des blessures et failles. Mettons en lumière nos blessures, sans oublier que nos parents ont fait de leur mieux, ils ont peut être parfois reporté sur nous leurs propres faiblesses, et nous le feront à notre tour, sauf si nous nous guérissons.

Aimons nos parents pour ce qu'ils sont, d'un amour sincère, tout en reconnaissant qu'ils n'ont pas été parfaits. Les aimer en observant ce qui est EST la clé. Ce n'est pas un jugement, ce n'est pas égoïste ou ingrat de notre part, c'est simplement posséder une clarté d'esprit.

J'ai personnellement été élevée par un père alcoolique, je lui en ai longtemps voulu, je le détestais parfois, il me faisait honte aussi... Puis, devenue adulte, je n'ai plus vu ce père alcoolique, mais un homme qui souffre. Un homme qui noie ses blessures dans l'alcool. Petite, je lui en voulais car je l'idéalisais, je désirais qu'il soit parfait, comme je croyais que l'étaient les autres pères, et j'avais honte de moi d'avoir honte de lui. Voyez tous les sentiments qui se mélangent, la culpabilité, la colère, la dégoût, l'amour... Aujourd'hui, j'aime mon père tel qu'il est, peu m'importe qu'il boive ou non, nous n'avons jamais réussi à soigner son addiction, mais je l'aime ainsi. Finalement il n'est pas parfait, il ne le sera jamais, mais il fait de son mieux selon ses capacités. Je ne porte plus le poids de ses actes et décisions sur mes épaules, je me rends compte que ce n'était pas contre moi, je n'avais rien à voir avec tout cela, il soignait simplement ses blessures, soigner n'est pas le bon mot à vrai dire, disons qu'il refusait justement de les regarder et de se guérir. Enfant, je prenais sur moi son comportement, celui ci me pesait, m'enfermait, me déstabilisait.

A présent, je sais que j'ai le droit de ne pas être d'accord avec ses choix, j'ai le droit de ne pas avoir apprécié mon enfance avec un père alcoolique, j'ai même le droit d'avoir ressenti de la colère à son égard, je l'accepte et ne m'en cache pas, seulement, ces sentiments ne m'habitent plus, car je les accepte et les mets en lumière. Accepter mes émotions me permet d'accepter mon père tel qu'il est. Je ne l'idéalise plus, je vois ses erreurs, ses blessures et cela m'aide à refermer les miennes.

Accepter une situation ne veut pas forcément dire accepter ce que l'on nous a fait subir, cela signifie accepter cette expérience dans le grand livre de notre Vie, reconnaître l'initiation et voir les émotions qui en découlent, la nuance est importante.

Par ailleurs, mon père m'a permis de me définir, de savoir qui je suis, car, observant son comportement je me suis toujours refuser de vivre la même réalité que lui. J'ai donc évité alcool et cigarettes, à son inverse je suis très câlins avec mes enfants, je leur parle beaucoup, je les laisse s'exprimer librement. J'ai décidé de ne pas revivre et faire vivre ce que j'ai vécu, de ne pas répéter, mais au contraire de créer, innover, inventer, imaginer ma vie telle que je la veux. Je me suis libérée de ma prison, je ne fais pas une affaire personnelle du comportement de mon père, cela concerne lui et seulement lui, je l'aime et le remercie de m'avoir montré la voie dans un certain sens.

Car, après tout, il n'appartient qu'à nous de briser nos chaînes, de vivre heureux, de voir la lumière même dans les plus terribles épreuves. Nos expériences ne nous enferment que si nous sommes d'accords pour nous laisser emprisonner dedans.

La clé est toujours entre nos mains, aujourd'hui il est temps de s'en servir.

 

Emilie Dedieu