Le new-age

Nous traversons actuellement une période charnière, nous ne nous reconnaissons plus dans le monde actuel qui semble éloigné des valeurs du cœur, et cela peut être perturbant, si bien que nous recherchons des "espaces" plus agréables et positifs, des bases joyeuses auxquelles nous raccrocher. Alors, avec facilité, la spiritualité devient cette béquille dont on a tant besoin, elle apporte la touche de magie qui manque à notre quotidien, et particulièrement le courant new-age qui promet féerie et paillette.

Je partage certains points avec ce type de spiritualité, en effet je crois à l'unité, au pouvoir de l'amour et du pardon, je ne doute pas de notre esprit créateur, je sais que nos maladies nous parlent et que les mêmes énergies créent les mêmes formes, je crois au poids des mots, mais aussi que nous sommes en plein changement vibratoire... pour résumer, je suis convaincu que la Lumière/Energie/Amour (c'est le même principe) est la base de TOUT. J'y crois pour l'avoir personnellement expérimenté, et, mes textes se basent toujours sur mes propres expériences par souci d'authenticité.

Pourtant, de mon ressenti, la spiritualité devient peu à peu une parodie d'elle-même, j'ai presque envie de l'appeler la Spirit Alité / Esprit Alité; puisqu'elle est devenue une religion à part entière, avec tout un tas de rituels, croyances, élus ...

Comprenons que ce qui nous rassure aujourd'hui (telles les croyances proposées dans le new-age) est avant tout une indication de ce qu'il reste à travailler en soi. S'enfermer dans des concepts ne nous élève pas, bien au contraire.

Aujourd'hui le bruit nous rassure, nous console, car le silence nous effraie, ce silence qui est synonyme de "rien". Pourtant, le vide n'est pas négatif puisqu'il permet d'accueillir la Vie, et c'est là que nos croyances entrent en jeu, elles deviennent le bruit qui met fin au silence, l'on peut alors se dire que le new-age ou tout mouvement apparenté est une façon apaisante de remplir la grande toile de notre vie, c'est un fait, pourtant, si l'on observe bien, le new-age ressemble principalement à une fuite, une zone de confort dans laquelle on s'enferme par peur de l'extérieur. J'ai constaté à plusieurs reprises que cette spiritualité était une zone fermée au changement, à la remise en question, proposant tout un tas d'enseignement/initiations "clés" pour être qui nous sommes.

Pourtant, de fait, tout est déjà en nous, il n'y a besoin d'AUCUNE initiation quelconque pour être, absolument aucune. Certes l'on a parfois besoin d'être guidé, éclairé, encouragé, et je ne dis pas que tout est marketing et business car je connais de très belles personnes tout à fait honnêtes et lumineuses dans leur démarche d'accompagnement et de soins qui font un travail formidable, seulement, il faut aussi savoir faire preuve de discernement. Une grande part de ce que l'on nous propose en spiritualité est devenu un simple marché.

Un autre paramètre non négligeable, cette forme de spiritualité dont je parle ici blesse autant qu'elle apaise, combien de personnes ai-je vu souffrir après avoir entendu que leur âme avait choisi une vie de violence "exprès" pour évoluer, et j'en passe. Cet hermétisme spirituel est un poison, car une spiritualité qui blesse autant qu'elle soulage n'est pas la voie de la justesse et du sacré. 
Définitivement, être spirituel ne réside pas dans le fait de croire en "ceci" ou "cela", être spirituel c'est avoir foi en notre capacité à trouver des réponses en soi face à nos expériences à l'instant T. En effet, une croyance peut-être bonne pour certains et tout à fait néfaste pour d'autres. Personne n'a tort ou raison car la spiritualité est le chemin de TOUS LES POSSIBLES. 

Combien de fois ai-je lu que si l'on ne trouvait pas sa flamme jumelle on ne pouvait être complet, que si l'on ne découvrait pas sa mission de vie on ne pouvait s'épanouir, que si on ne soignait pas son karma on ne pouvait guérir, que sans initiation on ne pouvait libérer son fluide guérisseur, que sans faire "ceci" on ne pouvait être "cela"... Ne voit-on pas les graines de croyances que nous plantons à travers ces dires ? Ainsi, nous sommes censés passer notre vie à chercher notre double, notre mission, nos vies antérieures, pour enfin et simplement : ÊTRE. Sacré programme ! Finalement cela revient à se définir à travers des concepts, concepts créés par autrui, car il y a toujours quelqu'un d'autre que soi à la base de cela. Qui peut réellement affirmer vivre en soi, et ce depuis toujours, le principe des flammes jumelles, sans ne jamais l'avoir lu ou entendu quelque part auparavant ? En réalité, on ne fait que s'approprier des croyances, seulement, il est bon de ne pas s'y enfermer, mais surtout, lorsque ces croyances deviennent pesantes, étouffantes, empoisonnantes, il est essentiel de s'en défaire.

La lumière, l'énergie, Dieu, l'amour, l'Univers, peu importe le nom qu'on lui donne, EST, et n'a besoin de rien pour être, et nous incarnons cette lumière dans la matière, tous les concepts, croyances, mots dont nous usons et abusons ne font que nous en séparer, car ils font de la lumière un but à atteindre, puisque pour briller il faut "faire". Si ces concepts sont plaisants, alors pourquoi pas, et nous devrons effectivement les vivre puisque nous créerons des expériences liées à ces croyances là dans notre vie, puisqu'en tant qu'êtres créateurs nous expérimentons ce à quoi nous croyons, c'est aussi simple que cela : y croire c'est le créer. Mais n'en faisons pas une vérité unique et si limitante. 

La véritable question à se poser est : que cherche-t-on à travers ces concepts ? Trouver sa voie, exister ? Mais, nous sommes la voie, elle ne se trouve pas elle se vit, et le fait de vivre signifie exister !

Et si, tout simplement, on vivait (sans mission de vie), on tombait amoureux (sans flamme jumelle), on appréciait nos amis (sans famille d'âme), on acceptait nos blessures (sans aller les chercher dans d'autres vies), on s'autorisait à être parfois triste (sans le syndrome du jumeau perdu), on écoutait notre cœur (sans devoir se connecter à des sphères supérieures), on se réconciliait avec notre corps (sans pratiquer le tantra), n'est-ce pas plus simple ainsi ? 

La magie, l'âme agit, réside dans la simplicité et cela a toujours été ainsi, et si on ne la voit pas dans les yeux d'un enfant on aura beau passer toutes les initiations et formations possibles et imaginables, on ne la trouvera jamais nulle part. 

 

Emilie Dedieu