Le corps de souffrance

Parlons du corps de souffrance dont fait allusion Eckhart Tolle dans ses livres.

Le corps de souffrance appartient à notre ego, il est la partie qui retient toutes les émotions douloureuses telles que la colère, la jalousie, la tristesse, la haine, la déprime...

Bien souvent, nous nous comportons avec notre corps de souffrance comme nous le faisons avec notre ego: nous nous identifions à lui.
Or, il n'est pas ce que nous sommes. Mais comme il a besoin de nos énergies pour vivre et s'alimenter, il a tout intérêt à nous garder sous sa coupe. Nous passons donc beaucoup de temps en lui, par exemple, nous pouvons absorber la colère logée dans notre corps de souffrance, puis nous mettre en colère en pensant que nous sommes cette colère, et le faire grandir encore plus. De plus, le fait d'être en colère attirera à nous des énergies de colère (personnes en colère, situations énervantes...), ce qui plaira fortement au corps de souffrance qui trouvera encore une fois de quoi s'alimenter.

Il est donc efficace de prendre conscience du cercle vicieux dans lequel nous nous trouvons quand nous laissons notre corps de souffrance prendre le contrôle de notre vie. Reconnaître son existence c'est comprendre qu'il est telle une entité à part entière, et, par conséquent, qu'il n'est pas nous.
Prendre conscience de son corps de souffrance c'est se placer en tant qu'observateur de celui-ci. Alors, dès qu'une émotion négative nous assaille nous pouvons l'identifier et observer ce qui se passe en nous: en quel endroit se loge l'émotion? quelle sorte de douleur traverse mon corps? ...
Le fait d'observer en tant que témoin l'émotion négative nous permet de nous en détacher, de ne pas en faire notre émotion, une partie de nous, mais simplement quelque chose qui nous traverse. Nous ne pouvons être ce que nous observons, ceci est une grande Vérité.

Enfin, lorsque nous sommes témoin de l'émotion, il n'est pas bon de batailler contre elle, car se battre c'est faire intervenir notre ego. Regardons simplement cette émotion avec les yeux de l'amour, ne la rejetons pas, au contraire créons un terrain d'accueil favorable au pardon dans la paix et l'amour.

L'émotion ainsi gérée et acceptée ne peut que s'en aller, car nous ne lui donnons plus l'énergie nécessaire pour la maintenir en vie, en l'occurrence, nous ne nous identifions plus à l'émotion colère de notre corps de souffrance, nous comprenons que celle-ci réside en dehors de notre être, nous ne l'alimentons plus alors nous sortons de cette spirale infernale qu'est la colère.

Ainsi est notre corps de souffrance, il n'est pas nous, mais une partie de notre ego que nous devons apprendre à reconnaître pour nous en détacher. Nous ne sommes pas nos émotions négatives !

Par ailleurs, il faut savoir que lorsque l'on reconnaît l'existence de notre corps de souffrance mais restons encore sous la coupe de nos émotions négatives, c'est qu'une partie de nous tient à ce schéma douloureux car nous avons des choses à y gagner, comme recevoir de la compassion, attirer l'attention, s'isoler du monde, ne pas changer nos comportements, garder nos amis, rester sur nos acquis ... Dans ce cas il est bon de mettre le doigt sur la peur sous-jacente à cela, car seule la peur fait barrage à notre libération. Lorsque la peur est identifiée, faisons comme pour les émotions : accueillons-la avec les yeux de l'amour et du pardon.

 

Emilie Dedieu