La souffrance

On a coutume de penser qu'il faut souffrir pour atteindre certains objectifs. Comme si la souffrance était noble et juste, qu'elle valait la peine d'être et de résider en nous.

D'ailleurs ne dit-on pas: "il faut souffrir pour être beau", " la fin justifie les moyens", "il n'y a pas d'accouchement sans douleur", " aimer à en souffrir"...etc.

Cela donne à la souffrance, notre souffrance, une connotation positive, on pense que c'est parfois un mal pour un bien.

Nous nous sommes donc construits sur ce schéma:  la douleur est nécessaire et incontournable. Cela fait tellement partie de nous qu'une vie sans souffrances nous paraît impossible et peu valable. Par exemple, si quelqu'un divorce sans en souffrir, on dira qu'il ne devait pas aimer son conjoint, son absence de douleur sera considéré comme une absence d'amour. Comme-ci amour et souffrance allaient de pair.

Il peut même arriver, pour ne pas contredire notre croyance sur la souffrance, car après tout une grande partie de nous tient à ses croyances là, que nous attirions de quoi souffrir.

L'illusion que l'on doit souffrir ici-bas provient bien souvent d'un manque d'estime de soi : après tout je le mérite bien !

Regardons cette personne qui reste aux côtés d'une autre qui la maltraite, mais qui refuse de partir car elle pense mériter cette souffrance extérieure. Voyons cette personne qui en maltraite une autre car elle souffre psychologiquement et refuse de se faire aider, car elle pense mériter cette douleur intérieure. Observons comme la souffrance tient une place importante dans ces exemples, elle se trouve au cœur même de l'expérience. Mais surtout, voyons comme l'une et l'autre de ces personnes ne changent rien, comme elles acceptent cela comme si c'était inéluctable.

Nous savons pourtant à quel point souffrir est désagréable mais nous refusons de lâcher-prise sur notre douleur. Pourquoi ? parce que souffrir c'est vivre, c'est avoir une place dans ce monde, du moins c'est ce que l'on nous a dit.

Bien des religions et sociétés se basent sur ce même principe de la souffrance: il faut souffrir pour s'élever, pour être quelqu'un, pour éponger ses fautes, pour réussir en société, c'est manger ou être mangé...et ces fausses croyancesont eu une influence majeure sur le comportement des Hommes: je souffre donc je suis.

Nous en sommes donc arrivés à nous infliger de la souffrance à nous-même et parfois même la souhaiter aux autres, ainsi, lorsqu'une personne nous fait du mal on lui souhaite de souffrir en retour, en pensant que cette "punition" sera notre salut. On soigne le mal par le mal. La souffrance de l'autre est une expiation et tout notre système est basé sur ce faux remède.

Pourtant, la souffrance n'a jamais été garante d'une fin heureuse, bien au contraire. La souffrance amène à elle douleur et peine.

Voir un criminel souffrir et s'en sentir heureux fait-il de nous un être humain ou un criminel à notre tour ? De cette réponse découle notre élévation spirituelle et tout simplement humaine. Qui désirons-nous être?

Toute douleur quand elle peut être évitée doit l'être, car nul ne mérite de souffrir.

Il est bon de s'élever au dessus des croyances collectives qui dictent nos choix, nos pensées, et nous enferment, nous maintiennent dans l'illusion et la douleur. Il existe au dessus de ces croyances collectives la compréhension véritable de l'expérience terrestre, pour se rapprocher de ce plan il faut se rapprocher de son cœur, lui seul détient les vraies réponses.

Alors reprenons notre liberté de penser et d'être.

Il n'a jamais été nécessaire de souffrir pour comprendre la vie (croyance collective), mais il est nécessaire de comprendre la vie pour ne plus souffrir (cœur).

 

Emilie Dedieu