La prise de conscience

Depuis fort longtemps nous vivons dans une illusion.

Cela commence dès l'école, on nous fait croire que bien travailler nous mènera vers un bel emploi. Et gare à celui qui sort des rangs, il sera affublé d'un bonnet d'âne. Alors on étudie, on retient des dates par cœur, on apprend l'histoire même si elle est subjective, car si on apporte un autre point de vue notre note s'en fera ressentir. On privilégie les matières fortes, après tout, à quoi peut bien servir le sport, la musique, le dessin... On devient sage et discipliné.

Cela se poursuit quand on devient jeune adulte, on nous fait croire qu'avoir ce bel emploi nous apportera un enrichissement personnel. Et attention à celui qui ne travaille pas, il sera taxé de bon à rien. Alors on travaille 8 heures par jour, on passe plus de temps avec nos collègues qu'avec nos enfants, mais on l'accepte puisqu'on est conditionné pour cela dès l'école. Au final, peu auront un emploi qui les satisfait, mais ce n'est rien, on est habitué à suivre les directives depuis l'enfance, alors on continue à faire "comme ci". On reste sage et discipliné. 

Cela continue à l'âge adulte, on nous fait croire qu'avoir de l'argent comblera tous nos désirs et nous mènera droit au bonheur. Et tant pis pour celui qui manque cruellement d'argent et se sentira exclu de la société. Alors, on court après l'argent, on accumule car posséder devient un fil rouge, un but. On épargne aussi, comme on nous l'a gentiment demandé. Parfois, on s'interroge et se demande où cela mène, puis on reprend nos vieilles habitudes car on est sage et discipliné. 

Cela se poursuit avec le gouvernement, on nous fait croire qu'obéir aux règles fera de nous de bons citoyens. Et malheur à celui qui refuse de se soumettre, il sera gratifié de diverses étiquettes comme anarchiste, antisocial... et pourra même être emprisonné. Alors, on obéit sans trop se questionner, et ce, même aux règles les moins bénéfiques pour nous. Après tout, nous sommes totalement libre puisque nous votons, et peu importe si par la suite notre voix ne compte plus quand le gouvernement est mis en place. On est sage et discipliné avant tout.

Pour ne pas que l'on s'ennuie trop, on nous fait croire que l'amour, sous toutes ses formes est un divertissement, et qui plus est éphémère. Et gare à celui qui n'accepte pas les règles, son cœur sera brisé. Alors on joue avec les sentiments, on refuse de s'investir réellement, on prend exemple sur ce que l'on voit dans les émissions télévisées débilitantes, on ne respecte plus les corps et les cœurs. C'est l'un des rares moments où on est libre de ne plus obéir à aucune règle, alors on se pense audacieux et au-dessus des règles

On nous fait croire que suivre cette ligne directrice nous mènera droit au bonheur. Seulement...

Seulement, nous sommes nombreux à imploser, très nombreux. 

On se rend compte que même lorsque l'on possède tout cela : emploi, argent, biens, amour... le bonheur n'est pas au rendez-vous. Et cette quête semble de plus en plus grotesque.

On nous fait croire que les choses extérieures empliront notre intérieur, et tous ces divertissements proposés sur tous les plans ont détourné notre attention tel un miroir aux alouettes. Nous sommes tellement occupé à "avoir" que nous oublions d'"être" car nous sommes conditionné à regarder ailleurs qu'en nous-même. En réalité, et notre cœur le sait très bien, rien ne se possède et tout se vit ici et maintenant.

Nous nous sommes trop déconnecté de l'intelligence du cœur au profit de l'ego, et, aujourd'hui, la frustration est palpable. L'école ne nous a pas aidé à être qui l'on est, notre emploi ne répond pas à nos envies, notre argent ne nous rend pas véritablement heureux, nos rapports avec autrui sont si superficiels que nous nous sentons de plus en plus vide...

On nous a vendu du rêve pour nous endormir, pour que l'on ferme les yeux et se laisse guider par un autre que soi-même. L'être humain a toujours aspiré à une vie douce et agréable alors il a tendu la main pour accueillir ce doux rêve, c'est tellement plus simple de laisser les autres penser ou agir pour nous.

Le nœud vient d'être mis en lumière, on nous a vendu du rêve car nous avons tendu la main, oui, nous avons donné notre accord pour cela ! 

En effet, nous sommes tous responsables de l'état actuel des choses, des politiques mises en place, du désastre écologique, du déficit culturel, et j'en passe. Tout cela est de notre fait et il nous appartient de bouleverser ce qui est. 

En effet, nos actes prévalent sur nos politiques, nos pensées sont plus fortes que les barrières du système scolaire, nos paroles ouvrent les portes vers de nouveaux chemins, l'amour pour soi prévaut sur l'amour extérieur, car nul ne peut nous empêcher d'être qui nous sommes à part nous-même. Aucune politique ne peut véritablement nous enfermer ou nous délivrer, aucun être ne peut emplir notre cœur, aucun bien ne peut nous rendre heureux, cela reste imaginaire car tout réside en nous et non pas autour de nous.

Si j'en ai assez de ce que je vois, de ce qui se passe, j'agis différemment. Là est notre véritable pouvoir. Je ne détourne pas la tête, je n'attends pas que l'on dépose des réponses sur un plateau, je prends les rênes. 

Par exemple, si je ne veux plus voir d'animaux souffrir dans les abattoirs, je n'attends pas que l'état ferme leurs portes, je cesse simplement de consommer de la viande.

Si je ne souhaite plus voir les petits agriculteurs tout perdre les uns après les autres, je n'alimente plus les caisses des grands supermarchés.

Si je ne valide pas le système bancaire tel qu'il est aujourd'hui, je retire chaque début de mois tout l'argent qui est viré sur mon compte.

Il existe des solutions à bien des maux.

Bien sur, cela demande de nouveaux choix, de nouveaux aménagements, un investissement personnel, mais ce n'est pas en répétant incessamment les mêmes pensées/paroles/actions que l'on évolue, et par conséquent que le monde évolue, ce n'est pas en laissant les autres penser pour nous, nous vendre leurs rêves, que l'on sera heureux.

En réalité, nous ne sommes pas des simples pions comme on se plaît à le croire, nous sommes les pions, l'échiquier et la règle du jeu, nous sommes TOUT. 

On nous a vendu du rêve avec notre accord, et aujourd'hui je ne veux plus être somnambule mais vivre éveillée. Et je fais ce choix en toute conscience. J'ai ma part de responsabilité dans ce qui est, je ne rejette pas la faute sur autrui et refuse de replonger dans un sommeil programmé.

Je termine par cette merveilleuse phrase de Lao Tseu qui aide à relativiser " mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres".

 

 

Emilie Dedieu