L'auto-sabotage

j'aimerais parler de l'auto-sabotage. C'est à dire ces bâtons que nous déposons dans nos propres roues, ces projets à qui nous coupons les ailes avant même qu'ils ne s'envolent, ces relations dont inconsciemment nous faisons en sorte qu'elles n'aboutissent pas... 

Cela paraît très étrange cet auto-sabotage, paradoxal, pourtant c'est assez courant, parfois nous tenons à nos échecs

Il y a bien sûr une explication assez évidente à cela : celle de la sous-estime de soi. Nous ne pensons pas mériter assez pour voir nos projets se concrétiser, alors nous nous auto-sabotons.

Mais, il existe aussi une explication bien plus subtile, insidieuse :

Notre peur du vide, donc de mourir.

Lorsque l'on a des projets, des envies, cela nous fait vivre, c'est un moteur à l'intérieur de notre corps. J'imagine que vous ressentez tous ces papillons dans le ventre à chaque nouvelle rencontre, cet enthousiasme devant chaque nouveau projet, cette envie de créer, avancer, évoluer qui donne des ailes. C'est extrêmement vivifiant, ce sont des sensations très "électriques". Dans ces moments là on se sent vivant, présent, bien ancré dans le ici et maintenant.

La mise en oeuvre d'un projet est intéressante et enrichissante. Personnellement j'adore ça !

Mais alors, pourquoi saboter leur réussite ? N'espère t-on pas voir notre projet nous mener quelque part ? Et bien parfois non, parce lorsque le projet est abouti, quand nous lui avons donné toute notre énergie, qu'il nous a rendu si vivant et créatif, il devient "mort" si je puis dire, lorsqu'il est terminé il n'est plus. Un projet bouclé ne nous demande plus rien et le vide s'installe. 

En effet, les échanges énergétiques ne sont pas seulement des échanges entre personnes, ils sont aussi liés à nos désirs, nos envies, nos projets, nos soucis, nos problèmes. Lorsque l'on crée un projet, on lui envoie de l'énergie, et voir ce projet avancer, se façonner, nous donne en retour de l'énergie. Ce n'est qu' un va-et-vient énergétique qui ressemble à un cœur qui bat. Et une fois que le projet a pris vie on peut se retrouver vide. Il en est de même pour nous soucis, bien souvent ils ne se règlent pas parce qu'on ne le veut pas.

Je vais prendre un exemple pour illustrer cela :

Imaginons une personne confrontée à de gros problèmes d'argent, des découverts, des crédits ... C'est son quotidien, c'est ancré en elle. Cela la stresse et elle passe beaucoup de temps à essayer de trouver des solutions à ses problèmes d'ordre financier. C'est un peu devenu son fil rouge : ne plus manquer d'argent. Ce fil rouge devient sa vie et elle tient à sa vie, elle l'aime. Pourtant, elle se plaint de cette situation, de ce manque d'argent. Après un travail sur elle-même, cette personne comprend que si cette situation ne cesse pas cela signifie qu'au final elle a quelque chose à y gagner. Alors, après ce travail intérieur, elle s’aperçoit que si elle parvenait à régler ses ennuis financiers (qui sont le principal de ses soucis) il ne lui resterait plus rien ... Plus rien contre quoi se battre, le vide, le néant. Finalement, oui elle tient à ses soucis car ses soucis lui donnent un but, une raison de vivre : s'en sortir. Par conséquent, moins elle atteint ce but plus elle vit. Aussi longtemps que ce projet de s'en sortir l’habite elle se sent vivante. Dans le fond, elle a surement peur d'atteindre le but, son but, alors elle repousse l'arrivée à chaque fois, en se créant de nouveaux ennuis financiers

Atteindre c'est aussi perdre, et cela fait peur.

Nous devons donc parfois travailler sur cette peur du vide, apprendre à accepter cela. 

 

Emilie Dedieu